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Au pays d'HATHOR

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24 septembre 2012

Le Sérapéum de SAQQARAH

Hé bien non, je ne commencerai pas cette nouvelle chronique par le traditionnel « Ce matin là ... » car je réserve cette expression à des sites que j'ai eu l'honneur et le plaisir de visiter. Ce n'est malheureusement pas le cas du Sérapéum, mais je ne désespère pas de réaliser ce rêve un jour. Dans la nécropole de Saqqarah, à part l'ensemble mortuaire du roi Djoser et peut être un ou deux autres sites, tout est fermé à la visite, y compris le fameux Sérapéum, nécropole collective des taureaux Apis appelé également Mnévis par Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, Livre I, XXI(1). Plaisent aux Dieux de l'Égypte que nous puissions un jour admirer les trésors que renferme ce lieu magique.

Le Sérapéum est le nom donné par les Grecs d'Égypte aux temples de Sérapis, divinité crée sous Ptolémée I, premier pharaon de la dynastie lagide. Ce nouveau dieu gréco-égyptien rassemble des divinités grecques, Apis et Osiris. Par la suite Auguste Mariette et ses successeurs l'ont utilisé pour qualifier la nécropole des taureaux sacrés de Memphis. Selon les sources, le Sérapéum aurait été construit et inauguré sous Amenhotep III (1387-1350 avant J-C.), Y en avait-il un autre au par avant ? C'est possible, mais il reste à découvrir. Celui-ci aurait fonctionné jusque vers la fin des Ptolémées.

L'entrée du Sérapéum

 

L_entr_e_du_S_rap_um

Photo Wikipédia 

Le culte du taureau Les peintures rupestres retrouvées dans les grottes de plusieurs pays du monde attestent du culte du taureau. Pendant plus de 15 000 ans jusqu'à la période romaine de notre ère, il aurait incarné pour l'homme la puissance physique et guerrière ainsi que la fécondité. En Égypte, les pharaons étaient étroitement associés à ces symboles. Dans la Titulature des Rois, le "Nom d'Horus" est la plupart du temps associé au Taureau.

Quand Apis se réincarne en Apis - Le jeune taureau n'était pas choisi au hasard. Il devait répondre à des critères très précis. Des prêtres spécialement formés parcouraient le pays à sa recherche. Strabon (2) parle de sa visite au Sérapéum et décrit cet Apis dans son ouvrage Géographie, XVII, 1, 31-32 : "Le bœuf Apis n'a de blanc que le front et quelques autres places encore, d'ailleurs il est tout noir, et ce sont là les signes d'après lesquels, à la mort du titulaire, on choisit le successeur." J'ai lu que l'on attribuait également à Hérodote des informations sur l'animal, mais sans jamais donner de références. Je n'ai encore rien trouvé à ce jour.

Ainsi reconnu, le nouvel Apis est acheminé avec sa mère à Memphis, patrie de Ptah. Il est aussitôt pris en charge par des prêtres spécialement chargés de son service et du culte qui lui est voué. Il bénéficie d'un enclos luxueux et d'une nourriture sélectionnée. La légende veut qu'à sa mort l'Apis se réincarne dans l'un de ses congénères. Apis est considéré comme la manifestation vivante de Ptah. Il est représenté généralement coiffé du disque solaire et parfois du cobra royal quand le dieu et le pharaon ne forment qu'un.

Tout comme pour le pharaon, la disparition d'un Apis provoque une émotion populaire considérable qui dépasse les frontières du pays. Les prêtres décrétaient un deuil de 70 jours, temps utilisé, en plus des prières, pour les opérations d'embaumement, la préparation de la cérémonie d'inhumation et de la recherche d'un nouvel Apis.

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Musée du Louvre - Photo de l'auteur

Cette statue a été découverte par Auguste Mariette en 1851 dans l'une des nombreuses chapelles bordant la longue voie processionnelle menant aux catacombes des Apis - Règne de Nectanébo Ier (378-341 av.J-C) XXXe dynastie. La statue portait des traces de peintures sur le front et sur le dos.

Le prêtre et l'archéologue - Khâemouaset ou Khâ-em-Ouaset est le quatrième fils de Ramsès II et le deuxième de la seconde grande épouse royale Isisnefret. Il est fait « prêtre sem » de Ptah chargé du culte des taureaux sacrés. C'est un érudit et un lettré. Il fait restaurer également les pyramides de l'ancien régime.

Il fait aménager le Sérapéum de Saqqarah en faisant creuser des galeries où chaque Apis aura son propre caveau inséré dans une niche spécialement adaptée. En 1841, l'égyptologue français Auguste Mariette sort de l'ombre ce haut lieu de la religion égyptienne. Sa stupeur est grande quand il découvre la tombe de Khâemouaset au milieu de tous les caveaux d'Apis. Les chercheurs d'aujourd'hui apportent de nouvelles explications. Alors attendons le verdict final des experts.

Masque mortuaire en or trouvé à Saqqarah sur la momie attribuée au prince Khâemouaset - XIXe dynastie 

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Musée du Louvre - Photo Wikipédia

 

Accès au Sérapéum - Le jour de la cérémonie d'inhumation, un long défilé de prêtres et de personnalités venu de Memphis escortait la dépouille de l'Apis décédé. Arrivé au pied du plateau de Saqqara, le cortège s'engageait sur l'immense allée jusqu'à la dernière demeure des Apis. Le prêtre-sem revêtu de la peau de guépard présidait la cérémonie. A l'arrière, tout comme pour l'inhumation des rois, les vases canopes et du mobilier funéraire sont acheminés par d'autres porteurs. Le convoi longeait les ensembles funéraires de Djoser, Ounas et Ouserkaf d'un côté et de Téti de l'autre. Des chapelles et ex-voto bordaient l'allée. Arrivée en vue du Sérapéum, la cortège s'engagait sur un dromos où des sphinx semblaient faire une haie d'honneur à l'Apis défunt.

sphinx

Musée du Louvre - Photo de l'auteur

6 des 141 sphinx découverts par Auguste Mariette le 11 février 1851. Ils  bordaient l'allée menant au Sérapeum - IVe ou IIIe siècle avant J-C. - début époque ptolémaïque

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Musée du Louvre - Photos de l'auteur

Lions  qui gardaient l'entrée d'une chapelle du Sérapéum - Règne de Nectanébo I (378-361 av.J-C) - XXXe dynastie

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Musée du Louvre - Photo de l'auteur

Le dieu Bès trouvé dans un petit temple au bout de l'allée menant au Sérapéum - XXXe dynastie, 379-341 av.J-C. Découverte par Auguste Mariette en 1851, la statue se trouvait dans la cour du temple dédié à Apis par le roi Nectanébo II, au sud du Sérapéum. Malgré son aspect peu engageant, il était en fait le bon génie du foyer, de la musique et des femmes enceintes sur lesquelles il veillait jusqu'à l'accouchement.

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Musée du Louvre - Photos de l'auteur 

Le Scribe accroupi ou plutôt assis en tailleur (h = 53,70 cm) - Ancien Empire, IVe dynastie environ, vers 2620-2500 av J.-C - Trouvé au nord de l'allée de sphinx du Sérapéum - C'est l'un des inconnus les plus célèbres des salles égyptiennes du musée du Louvre. On ne connait rien sur son identité, ni sur l'artiste qui la façonné. Il est absolument splendide.

Intérieur du Sérapéum - Ce sujet est remarquablement traité sur le site des "Amis de l'Égypte ancienne". Je rajouterai seulement quelques photos prises par mes soins au Musée du Louvre.

Entre 900 et 100 avant J-C, de la XXIIe dynastie à l'époque ptolémaïque, des centaines de stèles dédiées au dieu Apis par des particuliers sont scellées dans les murs des couloirs du Sérapéum. 

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Musée du Louvre - Photos de l'auteur

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Musée du Louvre - Photos de l'auteur

Vases canopes des taureaux Apis dont les bouchons sont à l'effigie de pharaons du Nouvel Empire.

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Musée du Louvre - Photos de l'auteur

Autres nécropoles animalières

 

  • Les Taureaux : le Sérapéum d'Alexandrie  construit sous Ptolémée III.
  • Les Ibis et les babouins : pendant un temps, Tuna el-Gebel était connu par les Grecs sous le nom d'Hermopolis
  • Les Chats : Bubastis : Ville du Delta égyptien où était adorée la déesse chatte Bastet  D'autres dépouilles de chats embaumés ont été retrouvées dans différents endroits notamment à Alexandrie.
  • Les Crocodiles : Médinet el-Fayoum connu sous le nom grec de Crocodilopolis est une ville située sur les bords du Nil au sud ouest de Memphis. Des momies de crocodiles par centaines ont été découvertes également dans des tombes non loin d'El-Armana au lieu dit "Grotte des Crocodiles".
  • Les Béliers : Dans l'île d'Éléphantine une nécropole de bélier sacré à été retrouvée par les archéologues

 


Ouvrage de référence

" Le culte du Taureau, de La préhistoire aux corridas espagnoles " de J.R.Conrad chez Payot

Article de presse

"L'au-delà 4 étoiles pour les animaux de l'Égypte ancienne" de Caroline Lepage dans le magazine internet Futura-Sciences : http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/vie-1/d/lau-dela-4-etoiles-pour-les-animaux-de-legypte-ancienne_4371/

Sites ou blogs remarquables

  • Blog "What's new? Feed" du Docteur Zahi Hawass, Secrétaire Général du Conseil suprême des Antiquités d'Égypte et Directeur des fouilles du plateau de Guizeh – Sa chronique du 26/06/2009 qui a pour titre " Saving the Serapeum ". http://www.drhawass.com/blog/saving-serapeum

 


(1) Diodore de Sicile, historien et chroniqueur grec du Ier siècle avant J-C, est né à Agynum en Sicile. Il est l'auteur de la Bibliothèque historique. Cet ouvrage se compose de 40 livres dont 15 seulement nous sont parvenus. Le livre I est consacré à l'Égypte.

(2) Strabon, historien géographe et philosophe grec, est né en Cappadoce (Turquie actuelle) en 58 avant J-C, et décédé entre 21 et 25 après J-C. Il rédigea une Histoire en 43 volumes. Malheureusement aucun ne nous est parvenu. Puis il entreprit la rédaction d'une Géographie en 17 volumes qui nous est parvenu, exception faite d'une partie du livre VII. A noter que l'Égypte figure dans le livre XVII.


Dernière minute

20 septembre 2012 réouverture du sérapéum après plusieurs moi de travaux.

EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

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12 août 2012

MEMPHIS, la résidence de Ptah

PtahCe matin là, j'étais très impressionné quand le car pris la direction de Memphis, capitale de Ptah, patron des artisans, des architectes, de la construction terrestre et navale. J'avais lu et relu tout ce qui avait été imprimé sur l'histoire de cette antique citée, ses heures glorieuses, ses magnifiques temples, sur le culte de l'Apis et des prêtres attachés à son service, puis à son dramatique déclin. Quelques traces de l'âge d'or de Memphis subsistent, mais la guide nous répondit que la visite de ces ruines n'était pas prévue au programme. Ceci me contraria beaucoup. Je me rendis à l'évidence qu'il faudrait revenir dans ce merveilleux et passionnant pays. Sans s'arrêter, le car pris la direction du musée en plein air. Nous aperçûmes rapidement ce que je pensais être les ruines du temple de Ramsès II.

 

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Ruines de la salle hypostyle et pylône de Ramsès II - Photo Wikipédia

Triade de Memphis :  Ptah, Sekhmet son épouse, et Nefertoum leur fils.

Memphis, plus vieille capitale du monde - Manéthon (1) précise que la ville a été fondée par Ménès (ca 3 000-2 938 avant J-C ...). Après plusieurs lectures de spécialistes, Ménès, Nârmer, et Merynar ne seraient qu'une seule et même personne. Les dates avancées sont également dans le même ordre d'incertitude. Laissons les chercheurs travailler et attendons la suite de ce passionnant feuilleton !

A cette époque, les crues du Nil étaient très fortes. Le roi décida d'abriter sa nouvelle cité derrière une digue estimée à 15 mètres de haut. C'est la première fois que ce type d'ouvrage est répertorié dans l'histoire de l'humanité. Memphis est la capitale de l'Égypte de la Ie à la VIe dynastie, c'est à dire jusqu'à la fin de l'Ancien Empire (ca 2 150 avant J-C). Après son déménagement pour Thèbes, le rayonnement intellectuel et religieux de la cité ne faiblit pas, et Ptah conserva sa capitale. Le sacre des rois et pharaons continua d'y être célébré jusqu'à Alexandre le Grand. Strabon (2) au cours d'un voyage précisera que Memphis est la deuxième ville d'Égypte - Géographie, XVII, 1, 32.

Avec le Nouvel Empire, les prêtres des grandes cités de la Basse à la Haute Égypte se livrèrent une concurrence acharnée pour marquer de leur influence la vie religieuse du pays. Autrefois Ptah était le génial démiurge, le créateur de toute chose, mais aujourd'hui bien des choses avaient changé et plusieurs dieux devaient se partager la première place : Ptah, Ra, Osiris, Amon et surement bien d'autres !

Selon certains archéologues, ce sphinx pourrait représenter Aménophis II (ca 1425-1401 avant J-C), l'un des rois de la XVIIIe dynastie.

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Statue dite de Ramsès II

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Statue couchée de Ramsès II - Longue d'une dizaine de mètres et d'un poids colossale, la statue n'a pu être déplacée et c'est ce qui l'a sauvé du pillage. Cette monumentale sculpture inachevée était destinée à figurer probablement à l'entrée du temple de Ramsès à Memphis. A noter que pharaon tient dans sa main droite le rouleau Mekes, testament d'Osiris, signe distinctif de sa charge divine. Pour protéger ce chef d'œuvre inestimable le musée a été construit autour.

IMGP0163

 

__________________________________________

Division administrative de l'Égypte pharaonique

  • Nome n°1 de la Basse Égypte (3)
  • Nom de la nome : "La Muraille Blanche"
  • Nom égyptien : Men-Nefer - translittération : Inb Hez
  • Nom grec : Memphis

 


(1) Manéthon est l'auteur d'une histoire de l'Égypte en 30 volumes rédigée en grec dont le nom est Aegyptiaca. Cet égyptien du IIIe siècle avant J-C était prêtre au service des 2 premiers Ptolémée. Il termine son oeuvre vers 271 avec la mort d'Alexandre le Grand.  

(2) Strabon, historien géographe et philosophe grec, est né en Cappadoce (Turquie actuelle) en 58 avant J-C, et décédé entre 21 et 25 après J-C. Il rédigea une Histoire en 43 volumes. Malheureusement aucun ne nous est parvenu. Puis il entreprit la rédaction d'une Géographie en 17 volumes qui nous est parvenu, exception faite d'une partie du livre VII. A noter que l'Égypte figure dans le livre XVII.

(3) Nome = terme grec signifiant district.


 

EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

 

 

16 septembre 2011

LE CREPUSCULE DES DIEUX

Nous étions au Ve siècle de l'ère chrétienne, et il fallait bien se rendre à l'évidence. Quatre millénaires d'une religion exceptionnelle se terminaient. A part la période Akhenaton, elle avait su fédérer tous les égyptiens sans accroc connu.

La merveilleuse Isis (a), qui incarnait à la fois le monde réel et le monde de l'au-delà, avait été nommée "gardienne de la mythologie égyptienne" par l'ensemble des dieux réunis en assemblée extraordinaire. Dix sept siècles après cet évènement majeur, elle s'illustrait encore dans des loges maçonniques, et avaient inspiré les milieux musicaux. Mozart l'avait sublimé dans "la flute enchantée", et Lully avait composé un opéra dont le titre était simplement "Isis". Elle était également implorée dans "Aida" de Verdi avec Ptah (b) le génial démiurge.

Quand le temps le permettait sur le plateau de Gizeh, Ra accompagné de sa fille Hathor perpétuait encore le miracle de la renaissance de la vie. Nous avions eu la chance d'assister à ce merveilleux spectacle (c) !

Pour le final, les dieux s'étaient tous regroupés aux champs d'Ialou avec les âmes des parfaits. Ils contemplaient avec satisfaction leur oeuvre depuis Narmer et même bien avant. Ils estimaient que l'ensablement des temples pouvait alors commencer ! Dès lors, les textes hiéroglyphiques resteraient muets pendant 15 siècles.

Au chapitre 110 du livre des Morts, le défunt apparait dans les champs d'Ialou (1), appelé également suivant la traduction hiéroglyphique : "Champs Iaru", ou "Champs de la Paix", ou "Champs des Bienheureux." C'était un endroit habité par les âmes des morts qui avaient réussis toutes les épreuves pour parvenir dans l'au-delà. Avec quelques nuances tout de même, il est possible d'établir une similitude avec les îles bienheureuses des Grecs ou le Walhalla dans les religions germano-scandinave.

Livre des morts (d) du scribe Nebqed, règne d'Aménophis III (1 391-1 353 avant J-C), XVIIIe dynastie. Le papyrus mesure 6,30 mètres de long.

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Photo de l'auteur - Musée du Louvre

Après cette tragique disparition, Champollion, Mariette et beaucoup d'autres historiens et archéologues rouvriront le merveilleux livre de l'Antiquité Egyptienne, les temples seront dégagés, et les musées se rempliront de souvenirs extraordinaires.

La nouvelle religion

Les nouvelles allaient vite. Un enfant nommé Jésus venait de naître à Nazareth en Galilée. L'évènement se passait le 25 décembre de l'an 753 de l'ère romaine ou de l'an 1 de l'ère chrétienne. Les spécialistes ne sont toujours pas d'accord sur la date exacte, mais peu importe, laissons les travailler !

Au milieu du 1er siècle, l'ancienne tradition copte attribue la naissance du christianisme égyptien à la venue en Égypte de la Sainte Famille fuyant le roi Hérode. Le pays est christianisé par Marc qui fonde l'église d'Alexandrie. Il y mourra en martyr vers 66. Plus tard, Septime Sévère promulgue en 202, un édit interdisant le prosélytisme juif ou chrétien dans tout l'empire romain. Des persécutions sanglantes s'en suivront. Avec l'Édit de Milan en 313, l'empereur Constantin accorde la tolérance des religions pour tous.

 


Notes

(a) voir dans ce blog "Isis, dame de Philae" 

(b) voir dans ce blog "Memphis, la résidence de Ptah"

(c) voir dans ce blog "Gizeh, nécropole royale"


Documentation

(1) Grégoire KOLPAKTCHY, Livre des morts des anciens égyptiens, éditions J'ai Lu 


Cet article ne signifie pas la fin du blog, mais la fin d'une époque.

D'autres voyages en Égypte sont prévus. De nouveaux articles et photos s'insèreront alors dans ce blog.

14 septembre 2011

SOBEK et HAROËRIS, maîtres de KOM OMBO

00__Ce matin là, Sobek le dieu de la fertilité à tête de crocodile attendait avec sa famille l'arrivée des bateaux de touristes. Son voisin et collègue Haroéris, le dieu à tête de faucon, dit Horus l'ancien ou Horus le Grand, occupait l'autre moitié du temple avec les siens. Les architectes des Ptolémée avaient bien fait les choses pour loger les deux triades, celle de Haroëris au nord et celle de Sobek au sud !

Triades de Kôm Ombo

1ère triade : Sobek (Sbk), Hathor (Hwt-Hr) (fille) son épouse et Khonsou (Hnsw) leur fils.

2ème triade : Haroéris nom grec d'un dieu de la mythologie égyptienne Horour (Hr-wr), est probablement la forme la plus ancienne du dieu Hor (Horus en grec). Tasenetnofret, son épouse, sur laquelle je m'abstiendrais de donner pour le moment tout commentaire ayant lu plusieurs explications différentes. Panebtaoui leur fils, dont le nom signifie "seigneur des deux terres". Il semblerait que cette triade soit apparue bien avant l'époque ptolémaïque.

Pourquoi 2 triades - Selon Christiane Desroches Noblecourt dans son livre Symboles de l'Égypte : "il s'agit probablement de la réunion tardive en un seul lieu, de deux cultes très anciens". Ce temple avec deux divinités est unique en Égypte.

Le temple de Kôm Ombo - Situé à 165 km au sud de Louxor et 40 km au nord  d'Assouan le temple de Kôm Ombo est situé sur le bord du Nil. Il ne faut pas rater l'arrivée en bateau. C'est tout à fait grandiose.

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La partie du temple est très bien conservée car elle a été ensablée. Toute la partie côté Nil s'est éboulé dans la rivière. La plus grande partie doit toujours s'y trouver. La construction de ce temple gréco-romain remonte au IIe siècle avant J-C sur l'emplacement d'un sanctuaire édifié sous Thoutmôsis III. Le principe est le même qu'à Edfou. Les rois de l'époque construisent sur de l'ancien. Ptolémée VI (180-145 avant J-C.) est à l'origine de cette construction qui s'achève un siècle plus tard environ sous Ptolémée XIII.

Double entrée, une par triade, et colonnade de la salle hypostyle

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Hathor (la fille) omniprésente n'hésite pas à poser pour la postérité !

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A gauche, le roi est entouré par Nout et Thot; à droite par Isis ou Hathor à tête de lionne, Harsiesis (Horus fils d'Isis) et Haroéris (Horus l'ancien).

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Le roi fait une offrande à Sobek et Hathor

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Hathor et Sobek

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Instruments chirurgicaux - Pour en savoir plus sur ce sujet voir la revue "Archéo-Théma" n°16 de septembre-octobre 2011, page 12, le très intéressant article intitulé : "La médecine en Egypte romaine : l'énigme du relief aux instruments"

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Un lion prête main forte au pharaon lors d'une bataille

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Au premier plan, colonnes romaines richement décorées

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EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

 

 

 

 

 

 

 

 

17 juillet 2011

GIZEH, nécropole royale

00__Ce matin là, nous étions arrivé de très bonne heure sur le plateau de GIZEH ou GIZA pour vivre des instants inoubliables. "ressuscité", assisté de sa fille HATHOR déesse des arts et de l'amour, avait quelques instants auparavant inondé de ses rayons bienfaiteurs les trois pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos. Le miracle s'était une nouvelle fois produit, le jour avait traversé la nuit, le cycle de la vie pouvait reprendre son cour normal jusqu'au soir. Le spectacle était saisissant. Seul lien avec notre époque, un policier égyptien juché sur un dromadaire surveillait les alentours sans aucune conviction.

Les pyramides

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de gauche à droite les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos

Khéops ou Chéops (nom grec) que l'on peut traduire par Puisse Ré me protéger - Khoufou ou Khufu (nom égyptien) - Elle est édifiée en une vingtaine d'années vers 2 600 avant J-C. Khéops régna de 2 589 à 2 566 environ avant notre ère (1)(2). C'est le 2ème pharaon de IVe dynastie. Fils et successeur de Snéfrou, il a quatre femmes qui lui donneront onze enfants. Selon les historiens, son règne se situe entre 22 et 40 ans ! Mais selon le papyrus Westcar (3), il régna 23 ans.

Des grands hommes en ont parlé :

  •  Thalès (4) a mis au point son fameux théorème en cherchant à calculer la hauteur de la pyramide par un rapport de proportionnalité avec son ombre

  •  Hérodote (5) qui a participé à l'élaboration de l'une des listes des "Sept merveilles du Monde" a placé la pyramide en tête du classement. C'est la dernière des sept à être toujours debout. Il donne également sa conception de la construction (Hérodote, II, 121 à 125).

 Composition et caractéristiques du complexe funéraire

  • dimensions d'origine de la pyramide de Khéops : hauteur 146 mètres et 230 mètres de côté,

  • un temple funéraire sur le côté de la pyramide est séparé du "temple de la vallée" par une chaussée,

  • trois pyramides plus petites de reines et princesses. Selon les égyptologues, l'une d'entre elles aurait abrité la reine Mérititès, première épouse du roi, pour un autre elle aurait été occupée par Hétep-Héres. L'une des deux autres pyramides aurait été la dernière demeure de la fille du roi Hénoutsen,

  • un petit temple dédié à Isis rajouté par Psousennès Ie, 1 039-991 (1), pharaon de la XXIe dynastie
  • selon les auteurs, deux ou trois fosses en forme de bateau dont une contient une barque en bois (différente que celle exposée au musée attenant à la pyramide).

  • Hémiounou aurait été l'architecte de la pyramide. Je n'ai malheureusement pas trouvé de référence concernant cette affirmation

Selon Zahi Hawass (6) 10 000 personnes maximum toutes volontaires ont participé au chantier de la pyramide.

Jusqu'au début de l'année 2007, de nombreuses hypothèses de constructions ont été avancées sans jamais convaincre les milieux scientifiques. Après avoir travaillé plusieurs années sur le sujet, un architecte, Jean-Pierre Houdin, avec l'aide de la société Dassault Systèmes, propose une étude tout à fait intéressante : une rampe intérieure courant sous la surface de la pyramide. Pour en savoir plus, voir le lien ci-après. Il vous sera demandé de chargé un petit soft nommé 3DVIA qui vous permettra de voir l'animation (tout est dans le lien) : http://khufu.3ds.com/introduction/revealed/
Consulter également le site "Pyramidale" (9) pour plus amples renseignements.


Khéphren ou Chéphren (nom grec) que l'on peut traduire par Puisse Ré apparaitre en gloire - Khâef Ré ou Khâfrâ (nom égyptien) est le fils de Khéops et le demi frère de Djedefré ou Djedefrâ a qui il succède. Khéphren régna de 2 558 à 2 532 avant notre ère (1). C'est le quatrième roi de IVe dynastie. Son nom figure dans la liste d'Abydos et le papyrus de Turin.

Lors de son voyage en Égypte, Hérodote (5) a interrogé des prêtres qui lui ont appris que ce roi aurait régné 56 ans, et qu'il n'était apprécié de personne. (Hérodote, II, 128). Manéthon (7) lui attribue 66 années de règne. Selon Sébastien Polet (9), cette durée n'aurait pas dépassée 23 ans.

Composition et caractéristiques du complexe funéraire  

  • dimensions d'origine de la pyramide de Khéphren : hauteur 143,5 mètres et 215 mètres de côté,

  • un temple funéraire sur le côté de la pyramide est séparé du "temple bas" ou "temple de la vallée" par une chaussée de 495 mètres. Les deux temples sont parfaitement identifiables,

  • une petite pyramide satellite,

  • deux fosses à barques,

  • c'est la seule à être coiffée d'un revêtement de calcaire.

 

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Mykérinos (nom grec) - Menkaou Ré (nom égyptien) ou Men-kaou-rê que l'on peut traduire par Stables sont les bras de Rê - Mykérinos règne de 2 532 à 2 503 environ avant notre ère (1). C'est le sixième et avant dernier souverain de IVe dynastie. Son nom figure sur la liste royale d'Abydos après celui de Khéphren.

Une statue d'une rare beauté le représente en compagnie de deux déesses dont Hathor est exposée au musée du Caire. Cette statue en schiste a été mise à jour en 1 908 par l'archéologue Reisner (8) dans le temple bas.

Ils en ont parlé :

  • Manéthon (7) lui attribue 63 ans de règnes, mais il semble d'après les spécialistes d'aujourd'hui qu'il serait de l'ordre de 28 années.

  • Hérodote (5) l'appelle Mycérinus lequel désapprouvait son prédécesseur. Lors de son accès au pouvoir, il fit rétablir les libertés (Hérodote, II, 129)

Le roi étant décédé prématurément avant la fin des travaux de son complexe funéraire, c'est son fils Chepseskaf qui termine le chantier. Il ne respecte pas la volonté de son père. Il fait recouvrir les pyramides de calcaire disparu depuis, alors que le vieux roi les avait souhaité recouvertes de granite rose.

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Composition et caractéristiques du complexe funéraire

 

  • dimensions d'origine de la pyramide de Mykérinos : hauteur 66 mètres et 109 mètres de côté,

  • trois pyramides plus petites de reines et princesses sur le côté sud de la pyramide  L'une d'elles est probablement le tombeau de la reine Khâmerernebti II, la première femme de Mykérinos, 

  • un lieu de recueillement appelé "temple haut" sur le côté est de la pyramide était séparé du "temple bas" ou "temple de la vallée" par une chaussée de 600 mètres. Il ne reste que les soubassement du temple haut, mais rien du temple bas,

  •  très probablement une fosse en forme de bateau pour sa barque solaire, comme le montre la photo ci-dessus


Le sphinx - Longtemps identifié à Khéphren ou à son père Khéops, le voile semble aujourd'hui levé sur le mystère du sphinx. L'archéologue Vassil Dobrev de l'Institut Français d'Archéologie Oriental (IFAO) attribue sa construction au roi Djedefré ou Djedefrâ ou Didoufri 2 566 à 2 558 (1), ancien empire, IVe dynastie fils et successeur de Khéops. Quant à sa ressemblance avec Khéops, il semble plus réservé en raison du manque de représentation du roi. 

Dimensions du sphinx : 73 mètres de long, 20 de haut et 14 de large. De part sa position, il est le gardien de la nécropole royale.

Ici avec la pyramide de Khéops

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Ici avec la pyramide de Khéphren.

IMGP0146____Le_Sphinx_et_la_pyramide_de_Kh_phren

Sur la photo à droite du sphinx, on remarquera les ruines d'un petit temple attribué à Aménophis II, et à gauche, le temple du bas du complexe funéraire de Khéphren.

Ne pas rater la prochaine rediffusion sur France 5 de l'émission "Le Sphinx et le Pharaon" qui traite du sujet, ou envoyer un courrier à la chaine pour demander le DVD.


Le musée de la barque solaire - Elle a été découverte au cours de travaux réalisés en 1 954 au pied de la pyramide de Khéops. Vieille de 2 500 ans avant notre ère, elle est en bois de cèdre et mesure 43,5 m de long.

Barque_solaire_de_Kh_ops

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Inscription au Patrimoine Mondial de l'Humanité : 1979


(1) Ian Shaw - Égyptologue anglais contemporain, professeur à l'université de Liverpool. Il a participé aux fouilles de plusieurs sites de l'Égypte antique. Il est l'auteur de plusieurs publications dont un dictionnaire de l'Égypte antique. J'ai retenu les dates qu'il donne pour les pharaons ci-dessus, car elles font l'unanimité dans différents articles. 

(2) Michel Dessoudeix - Chronique de l'Égypte Ancienne - Éditions Actes sud. Pour chacun des rois ci-dessus, il donne plusieurs dates et leurs auteurs.

(3) Miss Westcar était égyptologue. Elle ramena ce papyrus en 1838 et en fit don au musée de Berlin.

(4) Thalès dit de Milet (entre 624 et 547 avant J-C en Anatolie) est philosophe, astronome et mathématicien grec

(5) Hérodote (484-425 avant J-C) est historien, chroniqueur et grand voyageur grec - Voir mon site "Au pays d'Hérodote" : http://halicarnasse.canalblog.com

(6) Zahi Hawass est Secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes.

(7) Manéthon est l'auteur d'une histoire de l'Égypte en 30 volumes rédigée en grec dont le nom est Aegyptiaca. Cet égyptien du IIIe siècle avant J-C était prêtre au service des 2 premiers Ptolémée. Il termine son oeuvre vers 271 avec la mort d'Alexandre le Grand. 

(8) George Andrew Reisner, archéologue "étatsuniens", 1 867-1 942, est décédé à Guizeh. Il était entre autre spécialiste de l'ancien empire

(9) Site remarquable : "Pyramidales" de Marc Chartier - http://pyramidales.blogspot.com/


EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

 

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26 octobre 2010

De SOUENET à ASSOUAN

Ce matin là, quand notre bateau se rangea le long du quai, je réalisais soudain que nous étions arrivés dans l'ancien Royaume de Nubie, au pays des pharaons noirs. Cette pensée m'inspirait le plus grand respect pour ce peuple qui a beaucoup souffert. Les nubiens ont payé un très lourd tribu depuis l'antiquité jusqu'à nos jours. Leur pays, d'abord envahit et annexé par les rois de l'Ancien Empire égyptien, est aujourd'hui purement et simplement rayé de la carte, noyé presque entièrement sous les eaux du lac Nasser. Michel Baud (1) donne des précisions sur la dramatique campagne militaire de Snéfrou en Nubie (1er roi de l'Ancien empire et de la IVe dynastie, ca 2 575- 2 551 avant J-C). 

De mémoire de dieux et déesses personne ne pouvait dire quand avait nommé Hathor "Dame de Nubie" ! Le dieux des dieux, furieux de la révolte des hommes contre lui, avait envoyé sa fille pour les punir. Celle-ci avait pris l'aspect d'une lionne. Ici je serais très tenté de dire que cet épisode ressemble au début du "Livre de la vache du ciel". Elle avait bataillé dur pour imposer les volontés de son père dans la province. Les prêtres nubiens, témoins de ces moments difficiles, avaient gravé dans la pierre l'image de la déesse arborant sa tête de lionne. Au temple d'Edfou, Hathor en lionne est coiffée du disque solaire et de l'Uræus. D'ordinaire, ce rôle était assigné à Sekhmet la déesse lionne, mais c'est pour obéir à son père qu'elle avait changé d'aspect pour exécuter ce travail !

HATHOR____t_te_de_lionne

Ci-dessous la déesse Sekhmet, règne d'Aménophis III (1391-1353 avant J-C), diorite. Ces statues ne sont pas nubiennes, mais donnent une image de la déesse. C'est elle qui symbolise normalement "l'œil de Râ en fureur".

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Musée du Louvre - photo de l'auteur

L'île Éléphantine (Abou) - La cité antique de Souenet (swn.t) signifiant "commerce ou marché" occupait une grande partie de l'une des îles granitiques qui compose la première cataracte du Nil. 3 000 ans avant J-C, c'était la ville frontière entre l'Égypte et le Royaume de Nubie. Les caravanes en provenance de tous les pays d'Afrique et d'Asie s'y croisaient pour négocier leurs précieux chargements : or des mines du ouadi Allaki en Nubie, ivoire, épices, et bien d'autres produits encore. Les archéologues ont mit à jour les vestiges de la citée remontant au Moyen Empire abritée derrière une muraille de briques crues. Hormis les maisons d'habitations, les fouilles ont permis de dégager les emplacements de plusieurs magasins, entrepôts et commerces locaux comme une boulangerie ou un potier compte tenu d'un très beau four ayant pu appartenir à l'une de ces deux corporations. Enfin un sanctuaire dédié à Satis est mis à jour. Les spécialistes le font remonter à la VIe dynastie (2323-2150 avant J-C). 

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Les ruines du temple de Khnoum ne se visitent pas, et apparemment sont toujours aux mains des archéologues. En 400 avant J-C le temple avait été pillé, incendié et rasé pour des motifs politiques et religieux. Un nouveau temple était reconstruit par la suite avec les restes de l'ancien. C'est la raison pour laquelle on trouve dans les ruines actuelles des pierres ornées de fragments de hiéroglyphes issus de plusieurs dynasties et antérieur à la destruction.

KhnoumIl est impossible ici de parler de triade d'Éléphantine. Khnoum (Hnwm) est le dieu primordial, seigneur de la cité et maître des crues bienfaisantes. Dans cette tâche, il est assisté de Hâpy, dieu gardien de la source du Nil. Interrogé sur sa situation exacte, la réponse ne fut comprise par personne ! Pour les égyptiens, elle se situait dans une grotte non loin de Souenet, mais le mystère resta entier ! Khnoum est représenté généralement sous la forme d'un bélier ou d'un homme à tête de bélier tenant la croix de Ânkh signifiant "vie" en hiéroglyphes. Il a deux compagnes  Satet (Stt) ou Satis et Anouket (Nkt) ou Anoukis. Cette dernière est la déesse de l'île de Séhel non loin de là. L'une de ses fonctions est de présider aux inondations. Elle est représentée coiffée de hautes plumes. Dessin Wikipédia


Anouket ou Anoukis

DSC00760___Anouket

Musée du Louvre - photo de l'auteur

Satet provenant du sanctuaire de la déesse à Éléphantine - règne d'Hatchepsout-Thoutmosis III (1479-1425 avant J-C) XVIIIe dynastie. Comme ci-dessous, elle est généralement représentée coiffée de cornes d'antilope et de la couronne blanche de la Haute Égypte.

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Musée du Louvre - photo de l'auteur

Bas relief du sanctuaire de la déesse Satet - règne d'Hatchepsout-Thoutmosis III (1479-1425 avant J-C) - XVIIIe dynastie. 

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Musée du Louvre - photo de l'auteur

Naos en granite du temple d'Éléphantine. Il abritait la statue de la déesse Satet - règne de Pépi 1er (vers 2 300 avant J-C) - VIe dynastie.

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Musée du Louvre - photo de l'auteur

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Portrait_of_EratosthenesLe tour de la terre - L'île abrite le célèbre puits d'Ératosthène datant de 240 avant J-C. Géographe, mathématicien, astronome et philosophe grec, né vers 276 à Syène (Libye) et décédé à l'âge de 82 ans à Alexandrie, il a été l'un des plus brillants cerveaux de l'École d'Alexandrie. A la demande de Ptolémée III Evergète (246-222 avant J-C), il est nommé à la tête de la grande bibliothèque d'Alexandrie, et précepteur du fils de pharaon le futur Ptolémée IV Philopatôr (240-222-205 avant J-C). Il n'abandonne pas pour autant ses travaux scientifiques. Pour l'une de ses expériences, son choix se porta sur Éléphantine, cité proche du tropique du Cancer, où se trouve un puits. Le jour du solstice d'été à midi, le soleil est à son zénith et parfaitement à la verticale de la terre. Le résultat est étonnant, le puits est inondé de lumière. Le même jour à la même heure à Alexandrie, il ne pouvait pas observer la même chose. Un bâton d'une longueur défini planté verticalement générait une ombre. Dessin Wikipédia

Pour avoir la suite de cette passionnante histoire, et une démonstration claire, voir l'excellent article du site Futura-Sciences : http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/astronomie-1/d/la-mesure-de-la-terre-par-eratosthene_151/c3/221/p1/

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Division administrative de l'Égypte pharaonique

  • Nome n°1 de la Haute Égypte (2)
  • Nom de la nome : "Nome du Pays de Nubie" ou "Nome du Pays de l'arc"
  • Nom égyptien translittéré : t3-stj
  • Métropole à l'époque lagide : Éléphantine 
  • Nom grec : Syène
  • Nom actuel : Assouan

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Assouan (Snou) - Avec l'activité croissante de l'île, Souenet devenait trop petite. Une "ville nouvelle" (déjà à l'époque ! ) sortait de terre sur la rive droite du Nil. Tout d'abord appelée Syène (en grec), son nom définitif devenait Assouan (en arabe) quelques siècles après J-C.

Hâpy dieu du Nil, secondé par quatre millénaires de rois et pharaons, puis un peu plus de XVIII siècles de peuples de religions différentes avaient coexisté avec le fleuve et su tirer parti de ses bienfaits. Les hommes du XXe siècle en ont décidé autrement.

Le premier barrage est construit entre 1898 et 1902 en amont d'Assouan à hauteur de la sixième cataracte. Déjà à l'époque, il devait être le remède à tous les maux du pays. Il faut croire que non puisqu'il fallut rehausser deux fois l'ouvrage (1907-1912 et 1929-1934). Alors que le sauvetage des temples de Nubie ne semblait plus préoccuper personne, Gaston Maspero, successeur d'Auguste Mariette, aidé par plusieurs sommités de l'époque, mena une campagne acharnée pour la préservation de ce patrimoine inestimable. En attendant, le temple de Philae était au trois quart sous les eaux pendant huit mois de l'année, et d'autres merveilles avait déjà les pieds dans l'eau.

Le deuxième barrage appelé Assad al-Ali construit dans les années 60 devait initialement faire passer l'Égypte dans l'ère moderne. Les prévisions étaient alléchantes : régulation du débit des eaux, accroissement de plus de 25% de productivité agricole, et plusieurs milliards de kWh réduisant la dépendance électrique du pays. Quelques chiffres illustrent le gigantisme de l'ouvrage : 3 830 mètres de long, 111 mètres de hauteur, 980 mètres d'épaisseur à la base et 40 mètres au sommet. Durant sa construction, 30 000 personnes se relayent nuit et jour. Deux cent d'entre eux y laissent la vie. Le coût de l'ensemble se monte à un peu plus d'un milliard d'euros financé en grande partie par l'ancienne URSS. L'ouvrage voulu par Gabal Abdel Nasser est inauguré par Anouar el Sadate le 15 janvier 1971.

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Barrage

Cette réalisation va susciter de vives polémiques quand aux bienfaits qu'il apporte par rapport aux dégâts qu'il provoque.  Certains n'hésitent pas à parler d'un désastre écologique. Je conseille vivement le remarquable article de Claire König sur le site de Futura-Sciences qui traite de ce sujet : http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/developpement-durable/d/geopolitique-et-guerre-de-leau_622/c3/221/p4/

Je ne suis pas certain que les dieux de l'Égypte, dans leur infinie sagesse, approuvent tous ces changements !

La majorité des "déracinés" du lac Nasser et leurs descendants avaient grossi la population d'Assouan. A l'époque, devant l'urgence, grâce à l'aide de l'UNESCO et de plusieurs pays, un peu plus d'une vingtaine de merveilles ont pu être sauvées des eaux dont les 2 temples d'Abu Simbel et de Philae (voir articles dans ce blog). Combien de souvenirs nubiens et égyptiens sont-ils encore sous les eaux du lac Nasser ? Les archéologues de l'époque ont-ils eu le temps de faire toutes les fouilles nécessaires ? Voir l'article sur Christiane Desroches Noblecourt qui fut l'élément moteur de ce sauvetage : http://fr.wikipedia.org/wiki/Christiane_Desroches_Noblecourt   

L'obélisque inachevé - Long d'une quarantaine de mètres, il aurait été délaissé suite à une cassure. Le 2 décembre 2009, l'excellente émission de France 3 "Des racines & des ailes" nous a fait passé une soirée exceptionnelle avec "Le secret des Pharaons bâtisseurs". Dans ce numéro, les spécialistes ont dévoilé la technique de construction des obélisques avec des boules de dolérites. J'encourage vivement les passionnés comme moi à demander le DVD de l'émission à la boutique France Télévision.

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La nécropole - La colline de Qubbat el-Hawa est la nécropole des gouverneurs, des nobles et leurs familles. Parmi les 80 tombes environ, l'une d'entre elles est occupée par Sarenpout II qui était gouverneur d'Éléphantine sous Amenemhat II  (1 932-1 898 avant J-C), IIIe pharaon de la XIIe dynastie. Les deux rampes d'accès très abruptes sont des voies processionnelles qui relient la rivière aux tombes. La guide nous informe que la visite des tombes n'est pas prévue au programme. Il faudra revenir voir toutes ces merveilles.

Copie_de_Tombeau_des_gouverneurs_d_Assouan_avec_les_2_rampes_d_acc_s

A l'arrière plan sur la photo, le mausolée de Mohammed Shah Aga Khan III (1877-1957), 48ème Imam des Ismaéliens, et de sa 4ème et dernière épouse Yvette Labrousse, ancienne miss France 1930. Le mausolée ne se visite pas.

Au premier plan, le monastère Saint-Siméon est l'un des plus grands d'Égypte. Commencé au VIe siècle, Il est régulièrement assiégé, et pour finir partiellement détruit par Saladin. Il est abandonné au XIIIe siècle. On y trouve quelques peintures coptes. L'édifice religieux est sur le village de Deir Amba Samaan, sur la rive gauche du Nil.

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Promenade en Felouque

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Ce jour là, la lumière changea brutalement en cours d'après-midi. Je n'ai jamais vu ce phénomène. Je me précipitais sur mon appareil photo.

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Nous avons commencé cet article par un hommage aux Nubiens. Nous le terminerons par cette vue d'un village de Nubie entre dunes de sable et bord du Nil, sympathique et accueillant à l'image de ses habitants.

Village_Nubien


(1) Michel Baud, docteur en égyptologie, responsable de la section Nubie-Soudan au département des Antiquités égyptiennes du Louvre. Voir son livre "Djéser et la IIIe dynastie" chez Pygmalion, page 252 et suivantes

(2) Nome = terme grec masculin signifiant district


EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

19 septembre 2010

L'EGYPTE et ROME (1ère partie)

Ce matin là, notre avion venait de se poser sur l'aéroport de Fiumicino. Au delà des vacances, nous étions venus nous rendre compte de la présence de l'Égypte dans la cité romaine.

Avant le départ, j'avais relu quelques passages fameux de cette période charnière de l'antiquité. Cléopâtre VII ne se doutait pas qu'en mettant fin à ses jours le 12 août 30 avant notre ère, elle mettait également un point final à l'histoire d'une civilisation exemplaire trois fois millénaire. Il y avait eu la bataille d'Actium et l'assassinat de Césarion par Octave. Ces deux évènements devaient sceller la domination de Rome sur l'Égypte durant quatre siècles.

Hathor et les siens étaient inquiets de voir ces nouveaux envahisseurs. Ils espéraient que leurs pouvoirs ne seraient pas mis à mal. Tout s'était bien passé avec les grecs depuis 300 ans. Dans cette situation incertaine, la merveilleuse Isis avait quitté précipitamment ses appartements de Philae (1) pour aller surveiller ses intérêts à Rome ! Dès le IIIe siècle avant J-C, elle possédait déjà plusieurs temples dans des pays riverains de la méditerranéen.

Le temple d'Isis

Ici, son nom était Iseum (en latin). Isis le partageait avec Sérapis Serapeum (en latin), dieu créé par Ptolémée 1er Sôter (367-283 avant J-C) pour regrouper plusieurs divinités grecques et égyptiennes proches dont Osiris, Apis, et Hadès. Il se situait au Champ de Mars entre les Saepta et le Temple de Minerve. Détruit sur les ordres de Tibère (42-14-37), il est rebattit par Domitien (51-81-96), restauré et embellit par Dioclétien (244-284-313). Malheureusement aujourd'hui il n'en reste plus rien. L'essentiel se trouve au Musée du Capitole à Rome, et le reste est dispersé dans plusieurs musées européens (a).

Ici à Rome, Isis était obligée de respecter la mode vestimentaire locale !

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Photo Wikimédia

L'obélisque de la place du Panthéon

Le temple d'Isis était flanqué de plusieurs petits obélisques (b) dont un exemplaire se trouve aujourd'hui juché sur la fontaine de la place du Panthéon. Venant des carrières de granit rouge d'Assouan (2), il avait été commandé pour embellir le temple de Rê à Héliopolis. Il date du règne de Ramsès II comme l'atteste les hiéroglyphes. Il avait été ramené d'Égypte avec d'autres par Domitien, grand égyptophile, selon notre guide.

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Retrouvé au XIVe siècle aux abords de l'église San Macuto (c), il est restauré et installé sur la fontaine en 1711 sur ordre du pape Clément XI.

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Sixte V (1520-1585-1590) a été très critiqué dans ses fonctions, mais avant tout c'était un Pape érudit. Passionné d'histoire, il a porté un intérêt particulier pour les civilisations anciennes et notamment pour l'Égypte. Il fait restaurer, acheminer et redresser quatre obélisques à des emplacements où chacun peut encore les admirer aujourd'hui :

  • Héliopolis (peut être) ==> Cirque du Vatican (37) ==> Place Saint-Pierre (1586)
  • Origine inconnue ==> Mausolée d'Auguste (après 81) ==> Place de l'Esquilin (1587)
  • Karnak ==> Grand cirque (357) ==> Place Saint-Jean de Latran (1588)
  • Héliopolis ==> Grand cirque (-10) ==> Place du Peuple (1589)

Sur chacun d'entre eux, il fait installer une croix de bronze.

Il développe une profession naissante, celle d'archéologue. En 1587, c'est probablement lui qui commandite des fouilles dans le Grand cirque. Deux obélisques brisés en plusieurs morceaux sont dégagés.

L'obélisque de la place Saint-Pierre

L'origine de cet obélisque est incertain du fait de l'absence de hiéroglyphe. C'était l'une des commandes d'Auguste qui l'avait fait entreposer à Alexandrie dans l'attente de la construction d'un navire de mer suffisamment grand. Quelques années plus tard en 37, Caligula (37-41) fait entreprendre la construction du bateau puis procède au transport du monolithe. Pline l'ancien (d) en parle dans son Histoire Naturelle (tome 2, livre 36, 14 & 15). Arrivé à Ostie, le port de Rome, l'obélisque est acheminé vers le Cirque du Vatican, appelé aussi Cirque de Caligula et de Néron, pour être dressé sur la spina (5). Ce cirque est un bien triste endroit. Il a été l'un des lieux de supplice de très nombreux chrétiens dont l'apôtre Pierre crucifié à quelques mètres de cet obélisque.

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Sixte V fait appel à l'un de ses protégés, Domenico Fontana (1543-1607). C'est un architecte de génie. Il est célèbre pour avoir construit plusieurs œuvres d'art dont l'église Sainte Marie Majeure. Le pape lui demande de déplacer le mastodonte de 24 mètres de haut et 325 tonnes de quelques centaines de mètres vers le centre de la place Saint-Pierre. Au bout de quatre mois de travail, le monolithe est fin prêt pour l'inauguration. Elle a lieu le 10 septembre 1586 devant le pape et une foule considérable. Pour le redresser Fontana a prévu un mécanisme utilisant 140 chevaux et 800 hommes (e). Dans son ouvrage Une année à Florence, Alexandre Dumas père relate cette journée mémorable.

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L'obélisque de la place de l'Esquilin

Très probablement taillé à Assouan dans une carrière de granit rouge, on ne connait pas le commanditaire de ce monolithe, car il est dépourvu de toute indication. L'hypothèse qu'Auguste l'ait fait faire pour son besoin personnel n'est pas à écarter. On sait qu'il en avait commandé deux qui devaient être installés à l'entrée de son mausolée. La paire sera installé plus tard après sa mort à une date inconnue. Sauvé grâce à Sixte V, il trône devant l'église Sainte-Marie Majeure.

C'est l'un des très nombreux endroits où nous devons aller lors de notre prochaine visite à Rome. En attendant, et pour illustrer mes propos, j'emprunte cette photo à Wikipédia.

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L'obélisque de la place de Saint-Jean de Latran (Piazza di San-Giovanni in Laterano)

C'est l'un des obélisques les plus anciens de Rome avec celui de la place du Peuple. Quinze siècles avant J-C, Thoutmosis III (1479-1425) (3) avait surement assisté à son inauguration. Ses équipes de chantier avaient élevé ce mastodonte d'environ 350 tonnes et 36 mètres de haut hors tout à Karnak au temple d'Amon-Rê.

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Plus de 3 000 ans plus tard, le représentant d'une autre religion, le pape Sixte V inaugure son installation sur la place de l'archibasilique le 10 août 1588.  

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Que s'était-il passé entre temps ? Ammien Marcellin (4) raconte dans Res Gestae (17,4) l'histoire et le transport de cet obélisque. Arrivé à Rome en 357, Constance II (317-337-361) le fait installer sur la spina (5) du Grand cirque ou Circus Maximus à quelques mètres de celui ramené vers 10 av.J-C par Auguste (63-27 av.J-C-14 ap.J-C) .

Dans le courant du VIe siècle le Grand cirque ferme définitivement ses portes. Il sert alors de carrière et les matériaux sont réutilisés dans d'autres constructions romaines.

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L'obélisque de la place du Peuple (Piazza del Popolo)

Celui-ci est attribué à Ramsès II et à son père Séthi 1er qui l'avaient fait élever à Héliopolis au temple de . Tout comme les précédents il a été taillé dans les carrières de granit rouge d'Assouan (2).

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La petite histoire des obélisques de Rome est à suivre ...


Notes

(1) Voir dans ce blog l'article "Isis, dame de Philae" 

(2) Voir dans ce blog l'article "De Souenet à Assouan"

(3) datation Grimal

(4) Ammien Marcellin vécut entre 330 et 395 environ, les dates exactes ne sont pas connues. Militaire de carrière sous les règnes de Constance II et Julien l'Apostat, il n'en est pas moins le plus grand historien de l'antiquité tardive. Sur les 31 volumes de son oeuvre Res Gestae, 13 sont perdus. Les autres fournissent une mine de renseignements précieux sur la vie militaire et politique de son temps. La version traduite du latin est consultable sur le net.

(5) spina, nom féminin, c'est un muret bas au centre d'un cirque antique autour duquel tournaient les chars.

(6) Pline l'ancien, Gaius Plinius Secundus, né en 23 après J-C, et décédé à Stabies (près de Pompéi) en 79 lors de l'éruption du Vésuve. C'est un écrivain latin et un naturaliste très important. On lui doit une oeuvre phénoménale intitulée Histoire Naturelle en 37 volumes.

(6) Jean-Claude GOLVIN est architecte, archéologue et chercheur au CNRS. C'est également un aquarelliste de grand talent. Il crée de nombreuses illustrations dans ses ouvrages sur l'antiquité.


Documentation :

(a) La Rome Antique, Histoire-Guide des monuments de Rome de Léon Homo - éditions Hachette 1920

(b) Rome antique retrouvée, de Jean-Claude GOLVIN et Frédéric LONTCHO - éditions Errance, 2008

(c) L'église Saint-Malo de Rome (San Macuto), de Pocquet du Haut-Jussé B. in Mélanges d'archéologie et d'histoire T36, 1916

(d) Histoire Naturelle, de PLINE L'ANCIEN, traduction de E.LITTRE, en ligne sur le site de Remacle

(e) Fontana et l'érection de l'obélisque, de Steven GHEYSELINCK, selon le livre de Domenico Fontana

(f) HADRIEN -  les Dossiers d'Archéologie n°274 de juin 2002


EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

18 septembre 2010

L'EGYPTE et ROME (2ème partie)

L'Égypte et les "envahisseurs"

L'Égypte avait connu plusieurs invasions dans son passé, mais elle s'était toujours remise de ces moments difficiles. Elle avait absorbé les nouveaux arrivants et s'était comme régénérée des points forts de leurs civilisations. Parmi eux, on peut citer :

Les Hyksôs, peuples venant d'Asie qui avaient déferlé sur le delta du Nil. A Memphis, ils avaient chassé le pouvoir en place et fondé les XVe et XVIe dynastie (entre 1670 et 1550 avant J-C environ). Certains spécialistes avanceraient l'idée que les Phéniciens et les Hyksôs seraient un seul et même peuple. J'attends avec impatience la suite de ces recherches passionnantes.

Les Perses - XXVIIe dynastie (525-404 av.J-C), puis XXXIe dynastie (341-332 avant J-C). Cette domination se termine par la victoire d'Alexandre le Grand qui inaugure la période grecque de l'Égypte. 

Les Grecs - dynastie des Ptolémées (305-30 avant J-C)

Point important - Aucun de ces envahisseurs n'a jamais osé toucher aux divinités égyptiennes et à leurs cultes, ciment indispensable entre les individus, leurs rois ou pharaons et l'au-delà.


L'Égypte et Rome

 

Aujourd'hui, l'envahisseur était d'une taille beaucoup plus imposante. Il était déjà présent sur presque tout le pourtour méditerranéen, et n'entendait pas s'arrêter là. Mais qu'allaient-ils apporter à l'Égypte ? Certains empereurs se sont plus ou moins fait remarquer par leurs actions dans cet "nouvelle province".

Auguste (63-27-14) (famille des Julio-Claudiens) - Après avoir triomphé de Marc Antoine à la bataille d'Actium en septembre 31 av.J-C, Octave qui se fait appelé aussi Octavien retourne à Rome dans l'intention de se faire plébisciter par le Sénat. Il le nomme proconsul, puis empereur en janvier 27 sous le nom d'Auguste. C'est le début du Principat (1) qui durera jusqu'en 287 environ. La Pax Romana (2) dans tout l'empire commence sous son règne.

De retour en Égypte, Auguste se nomme Autokrator, le Roi des Rois, l'élu de Ptah. Les scribes mandatés par les prêtres avaient gravé sa titulature. Hathor et les siens avaient assisté à la cérémonie, mais ne cachaient pas leur inquiétude devant une situation plus que préoccupante. Déjà quatorze obélisques avaient disparu de différentes villes d'Égypte pour rejoindre Rome. Des statues en caisses attendaient également dans le port d'Alexandrie. Même les Grecs n'auraient jamais osé toucher aux œuvres d'art !

 

Ce qui allait changer - Avant sa nomination, Auguste avait exposé aux sénateurs son projet politique pour la nouvelle province romaine. Faire de l'Égypte le grenier à grain de Rome était à l'origine une idée de Jules César qu'il avait reprise à son compte. La création d'un vaste réseau routier, notamment vers les frontières de l'orient, pour la circulation des armées, des marchandises et des biens, était aussi l'une de ses priorités. A Rome, les fonctionnaires des finances calculaient déjà le nouvel impôt qui allait s'abattre sur les égyptiens. Pour mettre en place sa politique, il avait nommé un préfet, Cornelius Gallus, à qui il avait adjoint trois légions, environ 15 000 hommes. Celui-ci serait désormais son seul interlocuteur. Ce poste sera maintenu jusqu'en 476, année du départ des romains d'Égypte.

Ce qui ne changeait pas - Auguste ne voulait pas toucher au système administratif ptolémaïque qui fonctionnait bien. Pas question non plus de toucher à la langue, ni à la religion. Le grec resterait la langue officielle parlée depuis le IIe siècle avant J-C. Rappelons que les égyptiens avaient translittéré l'écriture hiéroglypho-démotique en caractères grecs, ce qui avait donné naissance à la langue copte (3). Il n'y aurait aucun changement ni modification non plus dans la religion. Hathor et les siens avaient poussé un ouf de soulagement, mais pour combien de temps ?

Auguste souhaitait s'attirer les bonnes grâces d'Hathor en intervenant à Dendérah dans l'aménagement et la décoration de son temple. Très honorée de cette attention, la déesse se méfiait tout de même de cet accès de générosité de l'envahisseur ! Ses successeurs jusqu'à Néron voudront également y ajouter leur empreinte.

Tibère Tiberus Claudius Nero (42 av.J-C-14-37) (famille des Julio-Claudiens) - Dès l'incinération du corps d'Auguste sur le champs de Mars à Rome, Tibère doit faire face à des mouvements de mauvaises humeurs au sein des légions dans tout l'empire pour divers problèmes dont celui des retraites, déjà à l'époque ! Ils sont matées par Drusus, l'un de ses deux fils, qui exécute tous les meneurs. De son côté Germanicus, son deuxième fils, passe le Rhin et réprime rapidement la rébellion. Dans le courant de l'an 15, tout est fini.

Après une succession de victoires, Germanicus décide d'aller visiter l'Égypte sans en parler à Tibère. Il faut rappeler que l'Égypte appartient à l'empereur et non au sénat de Rome comme précisé par Auguste. La situation n'est pas brillante. La pression fiscale est énorme. Il se rend très populaire en baissant le prix des céréales. Il remonte le Nil jusqu'à Canope, Thèbes qu'il visite longuement puis Syène ().

Après le décès de ses deux fils, Germanicus en Syrie en 19 et Drusus à Rome en 23, Tibère se retire définitivement en Campanie dans sa maison de Capri.

Trajan Marcus Ulpius Trajanus (53-98-117) (famille des Antonins) - Trajan n'est jamais venu en Égypte. On sait qu'il s'est beaucoup intéressé au pays, à son passé prestigieux, et en bon politique à tout ce que cette nouvelle province pouvait apporter à Rome. Il continue le programme de ses prédécesseurs, et en plus, projette de faire creuser un canal reliant le Nil à la mer rouge (4).

Afin de plaire aux prêtres et au peuple égyptien, il fait construire à coté du temple de Philae un kiosque pour entreposer la barque d'Isis (5). La construction est entreprise en 100 environ, mais ne sera jamais terminée. Sur l'un des murs intérieurs, l'empereur fait des offrandes à Isis et à Horus. Des hiéroglyphes viennent expliquer la dévotion de l'empereur ! Ce sont probablement les derniers caractères hiéroglyphiques connus. 

 

Le_kiosque_de_Trajan

 

Hadrien (76-117-138) (famille des Antonins) - A la mort de Trajan, Hadrien lui succède en 117. Entre 118 et 125, il fait reconstruire le Panthéon de Rome. Il imagine avec son architecte un pronaos somptueux. Pour le réaliser, il va commander aux carrières d'Assouan 16 colonnes en granit rouge de 14 mètres (6)(7)(8).

C'est au cours de son 4ème voyage, vers le milieu de l'année 130, qu'Hadrien arrive en Égypte (9). A Péluse (10), il fait reconstruire le mausolée de Pompée assassiné en 48 avant J-C. A Alexandrie, il restaure et commande plusieurs temples. Puis il remonte le Nil et s'arrête à Siwa, Memphis puis Hermopolis. Sur la rive opposée, lors d'une visite d'un temple bâtit sous un Ramsès, Antinüous, son favori, se noie. L'empereur décide alors qu'une ville serait édifiée à cet endroit du nom d'Antinoupolis.

Il exerce un travail de numismate dans les ateliers d'Alexandrie et de Rome pour le choix des effigies des futures monnaies. Une série monétaire frappée au droit d'Hadrien porte sur l'autre face l'image de Ptah. Pour une autre série il choisit l'image de Sérapis sous la forme de Ptah-Sokar-Osiris (11).

Septime Sévère (146-193-211) (famille des Sévères) - Septime Sévère séjourne en Égypte avec sa famille jusqu'à l'automne 200 (12)(13). Il s'intéresse au culte de Sérapis (14). Il s'arrête dans tous les hauts lieux visités par Hadrien, mais descend plus au sud que lui. A Esna, il vient admirer les représentations commandées quelque temps auparavant. Il y est figuré avec sa famille et les dieux égyptiens. Il visite longuement Thèbes. Sur les colosses de Memnon, des inscriptions en grec gravées au bas des statues témoignent du passage de l'empereur et de sa suite.

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De son voyage, il laisse des améliorations dans les systèmes administratifs et fiscaux, et notamment un allègement des impôts pour les plus pauvres. A Alexandrie, il commande la construction de monuments, thermes, temples et autres édifices qui avaient été détruits dans la guerre civile Judéo-Grecque de 115 sous Trajan.

En 202, il promulgue un édit interdisant le prosélytisme juif ou chrétien dans tout l'empire. Des massacres vont s'en suivre, et l'Égypte ne sera pas épargnée.

 

Carracala (188-211-217) et Geta (189-211) (famille des Sévères) - Septime Sévère décède en laissant à ses deux fils Carracala et Geta le soin de se partager le pouvoir "avec intelligence". Il ne savait pas combien les deux frères se détestaient. Lors d'un déplacement officiel, Carracala tue son frère. La haine est tellement forte qu'il fait marteler toutes les représentations de Geta des monuments de t'empire. Dans toute l'Égypte, des ordres sont donnés dans ce sens. Esna n'échappe pas à la règle. Cette pratique de condamnation de la mémoire (damnatio memoriae) était en usage dans tout le monde romain à cette époque. A ce sujet, voir l'excellent article de Carine Mahy (12). 

En 215, Carracala visite Alexandrie. Il est bloqué par une manifestation d'où fusent des injures à son encontre. Il va la réprimer dans le sang. On comptera plus de 20 000 morts (15).

Tout comme son père, il s'intéresse beaucoup à la religion égyptienne notamment aux cultes d'Isis et de Sérapis. Il va les officialiser en éditant des pièces de monnaies où il figure avec le dieu et la déesse. A Memphis, il se rend au Sérapéum où il dépose l'épée qui servit à assassiner de son frère (16).

Dioclétien Caius Aurelius Valerius Diocles Diocletanius  (245-313). Il est empereur de 284 à 305. En 293, il met en place un nouveau système de gouvernement, la tétrarchie, basée sur une réalité. L'empire étant immense, il ne peut pas tout faire seul. Il cherche donc des adjoints pour le seconder efficacement. Ils sont tous issus de l'armée : Maximien, Galère, Constance 1er Chlore. Dioclétien conserve l'Égypte.

En 298, il est à Alexandrie.

 



Notes et documentation

(1) Le Principat est un système de gouvernement. Différent de l'empire et de la royauté, Auguste est nommé Princeps (premier citoyen). Il se définit comme le "maitre des territoires".

(2) La Pax Romana est une longue période d'environ deux siècle de paix imposée par Rome.

(3) Le terme "copte" signifie à l'origine "égyptien".

(4) Aux origines du canal de Suez ? Le canal du Nil à la mer Rouge revisité de Jean-Jacques AUBERT de l'Université de Neuchâtel

(5) voir dans ce blog, l'article "Isis, dame de Philae"

(6) suivant les auteurs, la hauteur va de 12,5 m à 14 m !

(7) voir l'article sur le Panthéon dans nom blog "Au pays de Césars" : http://forumromain.canalblog.com

(8) voir dans ce blog, l'article "De Souenet à Assouan"

(9) HADRIEN -  les Dossiers d'Archéologie n°274 de juin 2002

(10) Péluse se trouve à une trentaine de km de Port Saïd dans le Delta

(11) Soheir BAKHOUM, Aspect égyptisant du programme monétaire d'Hadrien dans l'atelier d'Alexandrie - 1986 (en ligne)

(12) Carine MAHY est diplômée en Histoire et en Archéologie/Histoire de l'art - spécialisée dans les civilisations de l'antiquité méditerranéenne (en particuliers les Phéniciens, les Carthaginois et les Romains) diplômée de l'Université catholique de Louvain (Belgique). Elle est conférencière, enseignante et fondatrice de la revue Volumen. Elle est l'auteur du blog "La civilisation phénico-punique et le monde méditerranéen antique" : http://civilisationphenicienne-punique.over-blog.com 

(13) Sébastien POLET est historien, orientaliste, chercheur en archéologie méditerranéenne, enseignant et conférencier. Il rédige des articles dans le blog de Carine MAHY (voir ci-dessus)

(14) Anna Marguerite McCANN, The portraits of Septimius Severus - Rome 1968

(15) Lucius Claudius Cassius Dio appelé Dion Cassius ca (155-235) est un brillant fonctionnaire romain. Il devient proconsul puis consul. Quand il se retire, c'est pour se consacrer entièrement à son Histoire Romaine, ouvrage de 80 volumes qui retrace un peu moins d'un millénaire d'histoire de Rome. Voir le site Gallica qui a numérisé plusieurs ouvrages.

(16) Michel MALAISE, Les conditions de pénétration et de diffusion des cultes égyptiens en Italie - 1972

() Tacite, Annales, livre II, § 59-61

 


EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

15 juin 2010

HATHOR et sa famille à EDFOU

00__Ce matin là, il était très tôt quand le bateau accosta à EDFOU ou EDFU. La veille au soir nous étions passé à Esna où nous nous arrêterons lors d'un prochain voyage. Nous étions très impatients de pénétrer dans cette royale demeure. Hathor avait dépêché son mari Horus, le dieu faucon, pour nous accueillir à l'entrée du temple. Le "maître de maison" se mit en quatre pour nous faire visiter ses appartements !

Le dieu Horus était fêté plusieurs fois dans l'année. Sébastien Polet (1) en fait le récit dans son article en ligne.

IMGP0385___Faucon_en_granit_gris

Situé à un peu plus de 100 km au sud de Louxor, le temple d'EDFOU est le mieux conservé de tous ceux de Haute Égypte. Sa construction commence vers 221 avant J-C. par  Ptolémée III Evergète qui n'hésite pas à bâtir son temple sur celui d'Aménophis III. Son achèvement se situe vers -57 sous Ptolémée XII Néos Dionysos Aulète. Son exceptionnel état de conservation est dû au sable dans lequel il semble avoir passé plusieurs siècles. En 1860 Auguste Mariette fait procéder à son désensablement. Le travail est très long d'autant qu'une partie du village est construit sur le sable recouvrant le temple.

Triade d'Edfou - Horus (Hr) dieu faucon, Hathor (Hwt-Hr) son épouse et leur fils Harsomtous (Hr-sm3-t3.wy)

Le pylône d'entrée - D'une hauteur de 36 mètres et de plus de cent mètres de long, il est le deuxième d'Égypte après Louxor. Son iconographie est d'une rare qualité. A chaque extrémité, le roi terrasse ses ennemis devant Horus et Hathor. Au registre supérieur il fait des dons aux divinités. Il s'agit de Ptolémée XII Néos Dionysos (117-51 avant J-C.). Il règne de 80 à 58 et de 55 à 51 année de sa mort.

IMGP0363___Pyl_ne_d_entr_e_du_temple

La cour péristyle appelée aussi cour des Libations - Sur trois côtés une galerie à colonnes décorées de motifs représentants Horus, Hathor et les dieux. Les chapiteaux en forme de fleurs de papyrus ouvertes rappellent la végétation des rives du Nil.

IMGP0368___La_cour_p_ristyle

Le Pronaos - Cette première salle hypostyle est un sanctuaire composé de 18 colonnes richement décorées d'ornements et signes hiéroglyphiques.

IMGP0367___La_salle_hypostyle

IMGP0370___Colonade_de_la_salle_hypostyle

La Barque sacrée dans le Naos

IMGP0373___La_barque_d_Horus

Horus et le Roi

IMGP0376___Horus_et_le_roi

Nekhbet et Ouadjet couronnent le Roi

IMGP0377

Hathor et Horus

IMGP0378___Hathor_et_Horus

Le long du mur d'enceinte

IMGP0383

Division administrative de l'Égypte pharaonique

  • Nome n°2 de la Haute Égypte (1)
  • Nom de la nome : Nome du trône d'Horus
  • Nom égyptien : Djéba (Zebat) - translittération : wṯst-ḥr
  • Nom grec : Apollinopolis Magna
  • Nom actuel : Edfou

(1) Sébastien Polet est historien, orientaliste, chercheur en archéologie méditerranéenne, enseignant et conférencier. Il rédige des articles dans le blog de Carine Mahy "La civilisation phénico-punique et le monde méditerranéen antique" : http://civilisationphenicienne-punique.over-blog.com

(2) Nome = terme grec signifiant district


EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !

29 mai 2010

DJOSER et la pyramide à degrés

00__ Ce matin là, la journée avait très mal commencé par cette visite éclair à Memphis. J'espérais maintenant que notre pèlerinage dans cette royale nécropole serait une réussite.

L'histoire de l'ensemble funéraire de Djoser  est étroitement liée à trois personnages importants : Imhotep grand chancelier et architecte du roi, Auguste Mariette qui dès 1850 ressuscita le site après plusieurs millénaires, et l'égyptologue Jean-Philippe Lauer disparu le 14 mai 2001 à Paris (1) qui passa toute sa vie à fouiller, étudier et relever une partie des vestiges de ce fabuleux chef d'œuvre.  

Située à vingt cinq kilomètres au sud du Caire sur la rive gauche du Nil, Saqqarah serait la déformation de Sokar, dieu funéraire de Memphis figuré sous la forme d'un homme à tête de faucon. C'est la nécropole la plus étendue connue à ce jour, environ 8 km de long. Ce fabuleux cimetière servit jusqu'à la fin de la VIe dynastie (environ 2 200 avant J-C). Le complexe funéraire le plus important du plateau de Saqqarah est celui de Djoser. 

Ensemble funéraire de DJOSER - S'étendant sur environ 15 ha et contenu dans un périmètre de 545 x 277 mètres, il a été décrit par Lauer comme étant le plus parfait de toute l'antiquité égyptienne, tant pour sa composition que pour son architecture d'avant garde pour l'époque.

Saqqarah4

Travail personnel de l'auteur

  1. Le mur d'enceinte en calcaire blanc d'une hauteur de 10,50 m, partiellement reconstitué par J.P.LAUER. L'ensemble est flanqué de 13 fausses portes et d'une vraie très étroite.
  2. Long couloir couvert à 12 colonnes se poursuivant par une petite salle hypostyle,
  3. Vaste cour de culte,
  4. Tombeau du mur d'enceinte sud,
  5. Mur des cobras,
  6. Magasins où étaient stockés nourriture et vêtements dont le roi avait besoin dans l'au-delà,
  7. Pyramide à degrés,
  8. Temple funéraire,
  9. Serdab,
  10. Autel,
  11. Maison du nord, consacrée au culte royal
  12. Maison du sud, consacrée au culte royal. L'architecture de ces deux maisons tranchent sur le reste. Auraient-elles été rajoutées après ?
  13. Cour du Hed-Seb avec chapelles de culte,
  14. Chapelles de Haute et Basse Égypte,

Le mur d'enceinte - Une partie seulement de cette muraille a été relevée et donne une bonne idée de ce que pouvait être l'ensemble. Selon certaines sources, elle aurait été la réplique de la muraille de Memphis ...

Entr_e_au_sud_est_de_l_enceinte

L'entrée et le vaste couloir - Colonnade d'entrée de l'enclos sacré

IMGP0171___Colonnade_d_entr_e_donnant_acc_s___l_enclos_sacr_

IMGP0172___D_tail_de_la_colonnade_d_entr_e

La petite salle hypostyle est formée de deux rangées de colonnes fasciculées ouvrant sur une vaste cour.

Couloir_d_entr_e_vu_en_totalit_

La pyramide à degrés ou el-Haram el-Modarehg - A ce stade de notre visite, notre guide qui nous avait débité un texte mal appris, retourna au car sans autre explication. Très contrarié par cette attitude, je hélais la seule personne présente sur le parvis de la pyramide. C'était le policier égyptien de faction ce jour là. Je lui posais donc toutes les questions qui restaient pour nous sans réponse. Ce brave homme avait une rare culture, et fit mieux que nous renseigner en nous expliquant toutes les caractéristiques de la pyramide à degrés et l'histoire de sa construction avec force précisions.

Dimensions d'origine de la pyramide : hauteur 60 mètres, base 121 x 109 mètres.

IMGP0173___La_pyramide_prise_de_la_cour_d_honneur

Le serdab (cave en arabe) - Notre guide improvisé nous entraina ensuite à l'arrière de la pyramide et nous fit signe de regarder dans un trou aménagé dans la pierre. Se trouver face à face avec le souverain est très impressionnant ! Cependant  cet orifice, nous dit-il, n'a pas été construit pour les touristes, mais pour que le roi puisse contempler jour après jour l'étoile du nord. Cette remarque est pleine de poésie ! La statue est en faite une copie en plâtre, l'original se trouvant aujourd'hui au musée du Caire.

IMGP0182___Djeser

Djoser

Musée du Caire - Photo Wikipédia

L'un des escaliers donnant accès au sous-sol où se trouve la chambre mortuaire du roi. Elle se trouve à 25 mètres sous la pyramide. L'entrée est fermée, nous ne pouvons pas y descendre. Nous reviendrons de toute façon.

IMGP0184___Descente_vers_les_appartements_fun_raires

Puis juché sur une butte, il nous expliqua que l'ensemble était bordé par deux chaussées, l'une au sud menant au complexe d'Ounas et l'autre au nord au Sérapéum, endroits sur lesquels nous reviendrons. Du côté est, il pointa du doigt la pyramide d'Ouserkaf roi de la Ve dynastie, ca (2 475 - 2 458), et dont il ne subsiste qu'un amas de ruine.

Apparemment la visite était terminé. J'avais prévu un bakchich pour notre guide, mais comme elle avait disparu dès le couloir d'entré franchi, c'est donc avec plaisir que je le donnais à ce policier érudit.


Qui était Djoser ?

On ne connais presque rien de ce grand roi. Selon les ouvrages consultés, les noms et orthographes varient : Djoser, Djéser, Nétjerikhet Djéser ou encore Horus Netjery-Khet (celui dont le corps est divin). C'est le deuxième roi de la IIIe dynastie (Ancien Empire). Sept spécialistes donnent des dates différentes de son règne. Je retiendrais celles données par l'égyptologue James Peter Allen et que j'ai retrouvé dans plusieurs articles : 2 630 - 2 611 avant J-C.

Selon le papyrus royal de Turin il aurait régné 19 ans et 1 mois, tandis que Manéthon (2) lui en donne 29 et le nomme Tosorthros ou Sesorthos. On ne connait pas sa généalogie exacte, ni son âge au moment de sa montée sur le trône. Les spécialistes n'avancent que des hypothèses et restent très prudents. Djoser épouse Hetephernebti qui serait sa sœur, et dont il a une ou deux filles Inetkaous et Niânkh-Hathor.

On sait de lui qu'il a engagé de grandes conquêtes notamment dans le Sinaï, et la basse-Nubie principalement pour les ressources minières.


(1) Bulletin d'Information Archéologique, janvier juin 2001 : http://www.egyptologues.net/pdf/bia/bia23.pdf

(2) Manéthon est l'auteur d'une histoire de l'Égypte en 30 volumes rédigée en grec dont le nom est Aegyptiaca. Cet égyptien du IIIe siècle avant J-C était prêtre au service des 2 premiers Ptolémée. Il termine son oeuvre vers 271 avec la mort d'Alexandre le Grand. 

(3) Djéser et la IIIe dynastie de Michel Baud - Édition Pygmalion - Collection Les grands pharaons


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