KARNAK, le domaine d'Amon-Ré
Ce matin là, la grande fête de l'Opet touchait à sa fin. A Louxor, Amon-Ré, Mout son épouse et leur fils Khonsou s'apprêtaient à regagner leurs appartements au temple de Karnak. La triade thébaine prenait congé d'Amon-Min et des siens jusqu'à l'an prochain où les cérémonies et festivités reprendraient toujours magnifiquement orchestrées par les prêtres. Nous étions arrivés de très bonne heure afin de ne rien manquer de ces derniers instants !
Les temples de KARNAK - L'enceinte sacrée s'étend sur 120 ha environ édifiée derrière une enceinte de briques crues. Selon les spécialistes, la construction initiale et les très nombreuses modifications qui s'en sont suivies se sont étalées sur un peu plus de 2 000 ans, du Moyen Empire à l'époque ptolémaïque (Montouhotep I ca 2 130 avant J-C, jusqu'à 290 après J-C date de l'abandon définitif du temple et des cultes). Diodore de Sicile (1) précise au livre I, chapitre XLVI, de la Bibliothèque historique, l'extrême raffinements des décors des temples, statues et autres bâtiments avec or, argent, ivoire et pierreries. malheureusement pillés par les Perses
Le dromos et l'entrée du temple - pylône I - Un dromos de
criosphinx (corps de lion et tête de bélier) le relie à l'autre temple thébain de Louxor sur un peu moins de 3 km.
Détails des criosphinx. On notera une statuette de Ramsès II entre les pattes.
La première cour - C'est dans cette partie du temple que pharaon était accueilli avec fastes par les grands prêtres, nous précise notre guide. De chaque côté, des temples attribués aux pharaons Ramsès III (1184-1153) et Séthy II (1199-1193 avant J-C.), respectivement des XXe et XIXe dynastie.
Statue de Ramsès II avec une reine ou une princesse entre ses jambes. Elle a été usurpée par Pinedjem I, grand prêtre d'Amon, dynastie de Thèbes ca (1075-945), troisième période intermédiaire.
Colonne de Taharqa - Ce pharaon de la XXVe dynastie dite éthiopienne / nubienne régna de 690 à 664 avant J-C. Il fit construire un kiosque de 10 colonnes dont il n'en reste qu'une seule. Pour plus d'informations sur ce sujet, voir rapport
de fouilles de Jean
Lauffray du CFEETK (2) en ligne.
Temple reposoir de Ramsès III
Cour intérieur du temple
La salle hypostyle - Après le pylône II attribué à Horemheb (1319-1291 avant J-C.), dernier pharaon de la XVIIIe dynastie, on pénètre dans cette salle hypostyle que l'on m'avait tant décrite. Là, j'avoue avoir eu un choc. C'est une forêt de 134 colonnes de pierre couvertes de hiéroglyphes; dimensions de la salle 102 mètres sur 53. Sa construction s'est échelonnée sur trois règnes (ca 100 ans) :
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Amenhotep III (1387-1350) pharaon de la XVIIIe dynastie, pour les 12 colonnes de la nef centrale de 23 mètres chacune. A noter les chapiteaux en forme de fleurs de papyrus ouvertes. A l'époque, Râ pouvait baigner de ses rayons l'intérieur de la salle à travers un système d'ouvertures appelé claustra (2ème photo ci-dessous).
Séthi I (1289-1278) et son fils Ramsès II (1279-1212 avant J-C.), pharaons de la XIXe dynastie, terminèrent la construction en y ajoutant 122 colonnes de 15 mètres chacune et dont les chapiteaux sont en forme de fleurs de papyrus fermés, l'ensemble étant à l'ombre sous plafond.
Deuxième cour dite "des obélisques" - Après le pylône III en très mauvais état, attribué à Amenhotep III, on pénètre dans une cour qui abrite les obélisques de Thoutmôsis I et III.
Obélisque de Thoutmôsis I, roi de la XVIIIe dynastie (1504-1492 avant J-C.). D'une hauteur d'environ 22 mètres, il fait face au pylône IV. Sur la photo ci-dessous, on notera le début de la salle hypostyle en arrière plan.
L'espace sacré - Le pylône IV, plus petit que les précédents, est présumé être du début de la XVIIIe dynastie, peut être sous Ahmophis ou Amenhotep I.
Obélisque d' Hathshepsout, femme pharaon de la XVIIIe dynastie (1479-1458 av.J-C.)
Statue de Thoutmosis II, pharaon de la XVIIIe dynastie (1492-1479 av.J-C.)
Cour de la cachette - Elle sépare la grande salle hypostyle du pylône VII. Elle sera aménagée par Ramsès II. Elle permet d'accéder au reste du temple. Au début du XXe siècle, l'archéologue G.Legrain mis à jour près de 800 statues et 17 000 bronzes. Ces objets ont fourni des informations importantes sur les prêtres et l'évolution du culte du Nouvel Empire jusqu'à l'époque ptolémaïque. Ils sont allés rejoindre aujourd'hui les collections du Musée du Caire.
Détail des colosses du pylône VII. Ils sont de type osiriaque et représente pharaon, Thoutmosis III, debout croisant les bras et vêtu d'un linceul.
Les pylônes VIII à X, inaccessibles à ce jour, seront développés à la suite d'un prochain voyage.
Osiris à Karnak - On connaissait les fiefs traditionnels d'Osiris, Abydos en Haute Égypte et Busiris en Basse Égypte, mais à partir du Nouvel Empire, il est partout chez lui. La croyance s'amplifie..Dans l'enceinte sacré de Karnak, Il possédait déjà quelques chapelles. Mais à partir de cette époque, les architectes sont mis à contribution dans tout le pays pour construire des temples de plus en plus beaux. Ils sont répartis sur le pourtour du temple de Karnak. Nous les visiterons lors d'un prochain voyage.
Obélisque couché et tronqué d' Hatshepsout
Le lac sacré dans lequel les prêtres se purifiaient avant de pénétrer dans le temple
Classement - Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979
(1) Diodore de Sicile, historien et chroniqueur grec du Ier siècle avant J-C, est né à Agynum en Sicile. Il est l'auteur de la Bibliothèque historique. Cet ouvrage se compose de 40 livres dont 15 seulement nous sont parvenus. Le livre I est consacré à l'Égypte.
(2) Jean Lauffray, La colonnade propylée occidentale de Taharqa à Karnak et les mâts à emblème. CFEETK - Extrait des cahiers de Karnak 5, 1975
EN PERPÉTUELLE CONSTRUCTION !